La littérature scientifique s’accorde pour dire que la lecture se constitue de deux grandes composantes : l’identification de mots écrits et la compréhension de ces mêmes mots. Ainsi, de manière assez logique, la méthodologie d’apprentissage et d’évaluation de la lecture à l’école primaire propose de travailler simultanément ces deux compétences : la reconnaissance de mots via l’apprentissage des lettres et des sons notamment et la compréhension orale de textes lus par l’enseignant. En CE1, on évaluera la capacité de l’enfant à lire une phrase et à l’associer à l’image qui l’illustre le mieux, une manière de vérifier qu’il en a saisi le sens.
L’identification des mots peut se faire de deux manières. La première, qu’on appelle approche syllabique, repose sur l’association de graphèmes aux phonèmes. Vous n’avez rien compris ? Rassurez-vous, nous non plus ! Plus sérieusement, cette approche de décodage revient à décortiquer un mot syllabe après syllabe en associant les lettres que l’on voit à un son qu’on a appris (”LA” se dit [la]). La seconde approche, moins connue car peut-être employée de manière moins consciente, permet de reconnaître la forme d’un mot en un coup d’œil. Le lecteur va piocher dans sa mémoire lexicale pour en tirer le sens et la prononciation sans avoir eu besoin de déchiffrer les syllabes. L’approche dite globale fonctionne un peu comme un raccourci : le lecteur mémorise les mots fréquemment lus pour s’épargner la phase de décodage indispensable pour prononcer un mot nouveau. On privilégie ce mode d’identification pour les mots difficilement déchiffrables comme “femme” ou “monsieur”, ainsi que pour différencier les homonymes (ex : ”sceau”, “sot” et “seau”). Étonnamment, le cerveau est même cabaple de rennocaîrte des mtos éritcs dnas le dsoérrde tnat que la pemirère et la drnièere ltetre est paclée au bon ernoidt. Alors, convaincus ?
Grâce à l’entraînement et en s’appuyant sur les deux techniques, plus particulièrement la première au départ, le lecteur développe sa fluence de lecture, c’est-à-dire sa capacité à décoder de manière suffisamment rapide et précise pour espérer pouvoir comprendre ce qu’il lit. Grâce à l’automatisation de l’action de déchiffrage, il libère des ressources cognitives pour la compréhension, une activité complexe qui fait appel à plusieurs capacités. Comprendre un texte suppose d’identifier la signification des mots, mais aussi de mobiliser des connaissances grammaticales (syntaxe), d’établir des liens entre les phrases, de raisonner pour déduire ce que le texte n’explicite pas, de mémoriser les phrases précédentes pour retenir le sens global… Bien plus que repérer un mot pour répondre à une question, en somme !