ÉCRANS ET ENFANTS : COMMENT ÉVITER LA CRISE DE FOIE ?

« Le chocolat, c’est très bon, mais on ne va pas en manger un kilo par jour : c’est pareil avec les écrans. » Olivier DURIS, psychologue et expert du rapport aux écrans, vient tordre le cou aux idées reçues et nous donner quelques astuces pour mieux les utiliser avec les enfants !

Les écrans, c’est dangereux ?

Loin… Bien loin le temps où l’on recevait son premier téléphone portable au collège… le tout accompagné d’un forfait mensuel de 30 SMS seulement ! Aujourd’hui, l’âge moyen d’obtention du premier téléphone portable est de 10 ans, à peine. Entourés d’écrans à la maison, 58% des enfants de 7 à 12 ans possèdent aussi leur propre console de jeu. Les écrans sont omniprésents, de même que les discours qui les incriminent. Mais nuisent-ils vraiment au développement de nos enfants ?

Plusieurs études montrent un lien entre la surexposition aux écrans des enfants de moins de 3 ans et un retard de langage. Dans les trois premières années de sa vie (les 1000 jours de Boris CYRULNIK), l’enfant est un intrépide explorateur qui a besoin d’échanger avec de vraies personnes, de manipuler de vrais objets pour comprendre le monde merveilleux qui l’entoure. **À cet âge-là, l’écran ne lui apporte rien **et remplace d’autres activités et interactions précieuses à son développement cognitif. C’est simple : il est encore trop petit !

Il faut aussi distinguer deux types d’écrans : les écrans non-interactifs (comme la télévision) et les écrans interactifs qui requièrent une action de l’utilisateur. Les jeux vidéo font partie de cette seconde catégorie. Pour jouer, il nous est impossible de fixer l’écran comme un merlan frit ! Les enfants doivent prendre des initiatives, faire leurs propres choix… ce qui favorise le processus d’apprentissage.

Même si on aime beaucoup Guillaume MUSSO, on ne peut pas le comparer à Victor HUGO. De la même façon,** les jeux n’ont pas tous la même qualité de contenu ni la même richesse éducative**. Au-delà de l’âge de l’enfant, du temps d’utilisation et du type d’interaction (ça en fait des choses…), il faut aussi et surtout s’intéresser à la « qualité » de l’écran proposée. Heureusement, il existe beaucoup d’autres contenus comme PowerZ, faisant le pari de l’intelligence !

« Servons-nous des écrans non pas comme quelque chose qui fait écran, mais qui rassemble. »

Jouer avec son enfant est non seulement un plaisir partagé, mais aussi quelque chose d’important pour son développement. En riant avec lui, on lui montre l’intérêt qu’on porte à ce qu’il fait et toute l’affection qu’on a pour lui.

Plus qu’un créateur de souvenirs heureux, le jeu vidéo constitue aussi un support d’échange et de partage très riche. Olivier DURIS, qui pratique la médiation par les jeux vidéo dans ses séances thérapeutiques, constate combien le jeu ouvre la parole.

Aussi à la maison, les jeux vidéo sont l’occasion de parler à l’enfant de ce qu’il fait, et notamment d’évoquer le sujet des émotions. Pour les enfants (et parfois les adultes), les émotions surviennent comme des tempêtes, difficilement contrôlables. Mettre des mots sur ce que ressent l’enfant l’aidera à mieux gérer ses émotions. En commentant ce que le jeu suscite chez vous ou chez lui, vous l’encouragez à s’exprimer et à comprendre ses propres réactions !

Les jeux vidéo permettent également de développer tout un tas de compétences utiles à l’école comme dans la vie : l’innovation, la concentration, la coopération… mais aussi des compétences sociales ! Eh oui, les jeux vidéo n’enferment pas les enfants dans une bulle, bien au contraire. En jouant à des jeux multijoueur ou aux mêmes jeux que les copains, les enfants socialisent.

Keith STUART va jusqu’à comparer Fortnite à ce qu’ont pu être les skate parks il y a quelques années : plus qu’un endroit où pratiquer une activité, c’est avant tout un lieu de rencontre. Les apparences de personnages remplacent les casquettes et les danses deviennent un nouveau langage. Avec l’essor de l’e-sport et des plateformes de streaming comme Twitch, regarder les autres jouer devient tout aussi important que de participer… Et l’aspect communautaire prend le pas sur la dimension passive. Un mal pour un bien, finalement ?

« Le meilleur contrôle parental, c’est le parent ! »

En moyenne, les enfants entre 3 à 10 ans passent 2 heures par jour devant les écrans – c’était trois fois plus pendant le premier confinement. Est-ce trop ? Oui, d’après l’OMS. Les enfants devraient multiplier les activités en extérieur et limiter le temps d’écrans à 1 heure par jour avant 5 ans. Pourtant, les écrans s’imposent de plus en plus dans la vie des enfants, y compris à l’école. Faudrait-il réduire les écrans à la maison à mesure qu’ils prennent une place de plus en plus centrale à l’école ? Un paradoxe qui reste à élucider…

Quoi qu’il en soit, il est essentiel de poser un cadre familial pour limiter l’usage des écrans. Pour vous aider, le psychiatre Serge TISSERON donne les balises 3-6-9-12 dans sa « diététique des écrans ». Pas de télévision avant 3 ans, puis un usage accompagné et limité qui tend vers plus d’autonomie et d’auto-régulation à mesure que l’enfant grandit. Le sommeil est un bien précieux ; pour le préserver, mieux vaut éviter les écrans avant le coucher. Les repas doivent aussi rester un temps déconnecté et réservé à la famille.

Parce qu’encadrer les écrans n’a rien de facile, nous concevons une app mobile intégrant une fonctionnalité de contrôle parental. Vous pouvez ainsi fixer une plage horaire et une durée de jeu en dehors desquelles l’enfant ne pourra pas accéder au jeu. L’idéal est de discuter des règles avec lui et de rester relativement flexible pour lui épargner la frustration de devoir s’arrêter en plein milieu d’une activité.

Enfin, le meilleur moyen d’apprendre aux enfants à bien utiliser les écrans – et on sait que ce n’est pas facile – c’est de montrer l’exemple ! Dès le plus jeune âge, les enfants observent et imitent. À nous de leur donner les meilleures habitudes !

En résumé :

  • Les jeux vidéo, c’est très cool et bon pour l’enfant à condition qu’ils soient source d’échange, de partage et si possible basés sur des contenus intelligents.
  • Parce qu’on ne mange pas 1 kg de chocolat, encadrer les écrans selon l’âge de l’enfant évite le risque d’indigestion.
  • L’essentiel, c’est d’en parler avec son enfant, de passer un bon moment avec lui et de partager ses passions !